Madagascar
Madagascar est un Etat insulaire située dans l’Océan Indien occidental. Elle est la quatrième plus grande île du monde. Elle s’étend sur 1 600 km du nord au sud et sur 580 km d’est en ouest. Madagascar, qui est un hotspot de la biodiversité dans le monde, abrite environ 5 % de la biodiversité mondiale. L’économie du pays en général, repose sur les espèces faunistiques et floristiques qui constituent les matières premières pour ses activités de production. Ce qui justifie la place à donner aux valeurs de la biodiversité malagasy dans son milieu écologique, son économie, sa société et sa culture. Cependant, les fonctions écologiques et les services des écosystèmes qui garantissent le bien-être et le développement socio-économique de la population humaine sont menacées par la déforestation, la dégradation des habitats naturels, les érosions terrestres et côtières, la diminution accélérée des ressources naturelles et la disparition des espèces endémiques. Malgré les efforts de conservation, les menaces sur la biodiversité restent préoccupantes notamment à cause de la faiblesse des investissements dans la biodiversité.
Madagascar a adhéré en 2019 à l’Initiative Mondiale pour la Finance de la Biodiversité (BIOFIN) pour l’élaboration du Plan de Financement de la Biodiversité (PFB). Cette phase méthodologique s’est terminée en décembre 2022 avec la finalisation du Plan de Financement de la Biodiversité (PFB) et sa validation par le Comité de Pilotage National.
Depuis janvier 2023, le programme est rentré pleinement dans sa 2eme phase qui consiste à mettre en œuvre certains des mécanismes de financement priorisés dans le PFB.
- L’Analyse des Politiques et des Institutions (API) a montré que même si le développement durable de Madagascar dépend fortement de la gestion durable de la biodiversité, elle reste généralement mal intégrée dans la planification, les politiques sectorielles et le processus de budgétisation nationale. Les parties prenantes ont généralement de faible moyen humain et financier et la SPANB n’est que partiellement mise en œuvre.
- L’Analyse des Dépenses en Biodiversité (ADB) a montré que les dépenses publiques en matière de conservation de la biodiversité restent faibles représentant moins de 3% du budget public alloué. Il y a également une forte dépendance aux financements des bailleurs de fond pour la conservation de la biodiversité qui ne sont souvent irréguliers et peu prévisibles.
- L'évaluation des besoins financiers (EBF) a montré que les besoins financiers pour mettre en œuvre la SPNAB (Stratégie et Plan National d’Action pour la Biodiversité) sur la période 2022-2025 était d’environ 900 millions de dollars.
- 14 solutions prioritaires ont été identifiées et validées dans le plan de financement de la biodiversité (PFB). Ces solutions sont :
- Augmentation et amélioration de l'efficacité de l'aide bi et multilatérale pour la biodiversité.
- Augmentation des revenus du mécanisme REDD à Madagascar en facilitant l'accès du secteur privé aux financements REDD+.
- Amélioration de l'exécution du budget public par une gestion axée sur les résultats (GAR).
- Opérationnalisation de l'APA par l'élaboration du cadre juridique : bioprospection
- Échanges dette-nature
- Etude de faisabilité sur la mise en place d'une subvention pour l'agriculture de conservation afin de réduire la déforestation
- Feuille de route pour accéder aux opportunités du marché du carbone bleu
- Mobilisation de ressources financières supplémentaires pour financer l'expansion du réseau des zones terrestres protégées et des zones marines protégées.
- Permettre au FFN d'utiliser les recettes forestières collectées (affectées au système) pour assurer la gestion durable des ressources forestières.
- Promotion de la pêche durable (mise en œuvre du plan d'aménagement de l'espace marin MSP)
- Promotion d'un tourisme durable basé sur la nature
- Promotion de la comptabilité du capital naturel
- Renforcement du cadre légal relatif aux Etudes d’Impact Environnemental et aux PREE et à la compensation de la biodiversité
- Responsabilité sociale des entreprises (RSE) en faveur de la biodiversité
3 solutions de financement sont en cours de mise en œuvre. De plus, l’équipe BIOFIN Madagascar conduit une étude sur le secteur financier dans le pays :
- Solution de financement 1 : Amélioration de l'exécution du budget public par une gestion axée sur les résultats (GAR).
L’objectif de cet appui est de renforcer la capacité des techniciens désignés par le MEDD affectés à l’élaboration du budget du ministère au niveau central et régional et à sa mise en œuvre en suivant la méthodologie de la budgétisation basée sur les résultats.
- Solution de financement 2 : Diversifier et augmenter les sources de financement des institutions finançant les zones protégées
This solution is aiming to diversify and mobilize additional sources of funding for FAPBM, Tany Meva and MNP.
- Solution de financement 3 : Mobiliser des ressources financières pour assurer une gestion durable des ressources forestières.
La solution de financement vise à mobiliser des ressources financières supplémentaires pour la gestion durable des forêts en révisant les droits, redevances, amendes et pénalités existants liés au secteur forestier, en améliorant leur collecte et en soutenant la capitalisation et l'opérationnalisation du fonds forestier national (FFN) actuellement en cours de création.
- Etude sur l'état de préparation de Madagascar à la divulgation d'informations financières liées à la nature.
Cette étude consiste en une analyse politique, réglementaire et institutionnelle approfondie en vue d'établir un environnement favorable et des incitations/dissuasions pour accroître l'adoption du cadre de divulgation financière lié à la nature.
L’API identifie la vision, les stratégies et les évolutions nationales en matière de diversité biologique. En addition d’avoir montré que la biodiversité reste mal intégrée dans la planification, les politiques sectorielles et le processus de budgétisation nationale et que les parties prenantes ont généralement de faible moyen humain et financier et la SPANB n’est que partiellement mise en œuvre l’API a permis d’identifier/souligner :
- Vingt-quatre solutions de financements existantes pour la biodiversité.
- Des subventions néfastes à la biodiversité dans le secteur de l’agriculture (ex. taxes sur les intrants agricoles).
- Le MEDD dispose déjà d'une structure importante pour la biodiversité qui a besoin d’appui financier, technique et surtout des moyens humains pour être efficace.
- Le MEDD ne peut pas assurer tout seul la protection de la biodiversité. D’autres secteurs dépendent et tirent une grande partie leurs bénéfices de la biodiversité, et devraient alors contribuer.
- Le développement d’un cadre légal et institutionnel pour l’engagement du secteur privé dans la gestion et le financement de la biodiversité devra être renforcé.
- Les politiques ainsi que les lois mises en vigueur pour tous les secteurs à Madagascar devraient considérer explicitement l’environnement et la biodiversité dans leur mise en œuvre
- Pour les aires protégées, il est important de connaître la contribution économique des aires protégées à Madagascar. Cela permettrait de mobiliser des ressources financières supplémentaires, de développer et mettre en œuvre une stratégie de financement durable pour les aires protégées.
- Le système de compensation écologique sera également renforcé en développant un cadre légal et institutionnel.
- Les responsables au niveau du ministère de la justice devraient être sensibilisés et leurs capacités renforcées sur l’importance économique de la biodiversité pour Madagascar et sur le cadre légal international sur la biodiversité.
- Pour le secteur agricole, si l’utilisation des intrants chimique peut sembler indispensable à court terme, il est très important que le pays puisse accompagner les agriculteurs afin d’en optimiser l’utilisation et réduire leurs impacts négatifs sur la biodiversité.
- Il faut accompagner et aider les Aires Marines Gérées Localement à Madagascar à se financer pour une gestion durable
- Pour que la protection et la conservation de la biodiversité de Madagascar soit effective, la SPANB devrait servir de tableau de bord pour toutes les parties prenantes, les principaux décideurs, les planificateurs et l’exécutif. Il est alors important que sa communication et sa vulgarisation auprès de tous ces acteurs soient effectives. Chaque secteur va alors pouvoir contribuer à la gestion durable de la biodiversité, si unique, de Madagascar.
- Toutes les stratégies et outils de planification de Madagascar doit tenir compte de la valeur et de l’importance de sa richesse naturelle inégalable lors de leurs conceptions.
- La dépense de secteur public pour la conservation de la biodiversité est de 41,69 Millions US $ pour la période de 5 ans d’études. Tandis que la dépense des ONG et Fondation selon l’échantillonnage effectué représente 57,7 Millions US $. En somme, le financement de la biodiversité est dominé par les ONGs et des fondations environnementales. Il a été constaté une forte dépendance de ce financement par l’extérieur
- Les dépenses de l’Etat en matière d’investissement sont faibles (23%) par rapport au fonctionnement (77%). L’implication des autres ministères en plus de celui de l’Environnement et de l’Agriculture sur des programmes incitatifs pour la protection de la biodiversité.
- L’implication du secteur privé dans le financement de la biodiversité est importante. Il faut alors les sensibiliser et favoriser leurs connaissances de ce secteur aux obligations nationales et internationales relatives à la gestion durable et à la conservation de la biodiversité et des ressources naturelles.
- Le cadre et la mise en œuvre des études d’impacts environnementaux doivent être renforcé.
- Développer des partenariats entre le secteur privé, la société civile, les autorités et les communautés locales pour mettre en œuvre des plans de gestion et de faciliter la restauration de la biodiversité et enfin faciliter la mobilisation des ressources financières pour le secteur privé pour mettre en œuvre des solutions basée sur la nature.
L’Evaluation des Besoins Financiers (EBF) de la Biodiversité a pour but de faire une estimation complète des ressources financières nécessaire pour atteindre les objectifs nationaux en matière de biodiversité. Ces objectifs sont basés sur la SPANB (2015 – 2025) et plus précisément sur la période restante de la SPANB qui s’étale de 2022 à 2025. La SPANB est composée de 05 axes stratégiques et 20 Objectifs.
Pour réaliser cette EBF, BIOFIN Madagascar a procédé, à l’élaboration d’un cadre logique de la SPANB en y classant les activités proposées par différentes parties prenantes (secteur public, privé et les ONG). Chaque activité a été détaillée et, une ou des cible(s) et les acteurs clés ont été identifiés. Plus de 500 activités ont été recensées lors de la collecte des données effectuée par l’équipe consultante de ce cadre logique SPANB.
S’ensuivit l’estimation des coûts que représenterait la mise en œuvre de ces activités, la budgétisation des activités par la détermination du coût unitaire a été conduite. Après cela, il a été possible d’estimer les besoins de financement pour la conservation de la biodiversité de Madagascar à 3,6mille milliards d’Ariary soit à un peu moins de 900million de USD pour la période 2022-2025. Outre le besoin de financement très important, il a également été identifié que les activités sur le reboisement et la restauration et la gestion des aires protégées occupent la majeure partie des coûts de réalisation de la SPANB.
Le plan de financement de la Biodiversité de Madagascar est parti d’une identification de 85 solutions de financement utilisées et potentiels pour Madagascar pour aboutir aux 14 solutions de financement qui ont été priorisées afin de gérer durablement la biodiversité de Madagascar.
Les 14 solutions priorisées son :
- SF 01 : Echange Dette-Nature
- SF 02 : Mobiliser des ressources financières pour assurer une gestion durable des ressources forestières
- SF 03 : Mise en place d’une plateforme de coordination des gestionnaires des Aires Protégées (APs) afin d’améliorer l’efficacité de la gestion des APs, maximiser les ressources disponibles et appuyer la mobilisation de ressources supplémentaires
- SF 04 : Accroitre les revenus REDD+, en facilitant l’accès au financement REDD+ par le secteur privé à Madagascar
- SF 05 : Renforcement du cadre légal relatif aux Etudes d’Impact Environnemental et aux Programmes d’Engagement Environnemental (PREE) et à la compensation de la biodiversité
- SF 06 : Promotion de la Pêche durable (Application du Marine Spatial Plan-MSP)
- SF 07 : Feuille de route pour accéder aux opportunités du marché du carbone bleu
- SF 08 : Accroitre et améliorer l’efficacité de l’aide bi et multilatérale en faveur de la biodiversité
- SF 09 : Améliorer l'exécution du budget public par la gestion axée sur les résultats (GAR)
- SF 10 : Elaboration et mise en œuvre d’un plan de financement durable pour promouvoir l’agriculture intelligente face au climat (AIC) dans les zones de défrichement
- SF 11 : Promotion du tourisme durable pour la gestion de la Biodiversité
- SF 12 : Promouvoir un renforcement des capacités des Ministères sur la comptabilité du capital naturel et améliorer le partage des données afin d’améliorer la planification budgétaire
- SF 13 : Opérationnalisation du cadre pour l’Accès aux ressources génétiques et le Partage juste et équitable des Avantages découlant de leur utilisation (APA) par l’élaboration du cadre juridique
- SF14 : Responsabilité Sociétale d’Entreprise RSE en faveur de la Biodiversité